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Pendant près de trois siècles, le Pays d’Angoulême a vécu au rythme de l’industrie papetière. Un savoir-faire qui a profondément marqué son histoire, ses paysages et son identité.

L’essor au 16e siècle

Le premier moulin attesté en Charente est celui de Negremus sur la Lizonne, en 1516. Dè nombreux moulins à blé sont adaptés pour la fabrication du papier et de nouveaux moulins sont construits spécialement pour cette activité.

La Lizonne comportait plusieurs moulins qui ont fait partie des premières papeteries de France dès le début du XVIe siècle. En 1533, sur la Boëme près de La Couronne à Pont-des-Tables, Étienne de Prouzac crée une papeterie. Puis en 1539, à Puymoyen sur les Eaux Claires, le moulin du Verger entre en service, et en 1555 la papeterie de Cothiers, sur la Charreau, commune de La Couronne.

L’essor de cette industrie est dû aux nombreux petits cours d’eau au cours régulier et à l’eau pure, mais aussi au chanvre que l’Angoumois produit. Le port de l’Houmeau à Angoulême sur la Charente, dont la navigabilité jusqu’à l’océan avait été développée par François Ier, a aussi joué un rôle essentiel pour l’écoulement de la marchandise, en particulier auprès de marchands d’abord bordelais, puis hollandais et anglais.

Le clergé a aussi encouragé cette production à la suite de l’invention de l’imprimerie. Une autre cause de ce développement est l’abondance et la qualité de la matière première, les peilles, ou chiffons, qu’on trouve dans la province ou les provinces avoisinantes.
Les créations de moulins à papier ou transformations de moulins à blé ou à draps se poursuivent pendant un

En 1656, un rapport de l’intendant de la généralité de Limoges dénombre 66 moulins en Angoumois avec un total de 98 cuves à papier.

Le musée du Papier à Angoulême

Situé sur les rives de la Charente, le Musée du Papier prend place dans l’ancienne papeterie de papier à cigarette Joseph Bardou Le Nil, un lieu emblématique du patrimoine industriel angoumoisin. Ouvert au public depuis le 25 novembre 1988, il retrace l’histoire de la papeterie industrielle des XIXᵉ et XXᵉ siècles. Le musée propose également un voyage à travers les métiers et savoir-faire liés au papier : imprimerie, fabrication de toiles métalliques et de feutres, mécanique, et bien d’autres usages encore.

Le Musée du Papier à Angoulême

Le moulin de la Courade

Au fil de la Boëme, sur la commune de La Couronne, se dresse le Moulin de la Courade, une ancienne papeterie emblématique du département de la Charente.

En 1741, ce moulin prend une dimension particulière : il est intégré à la Manufacture royale d’Angoulême, fondée par le négociant parisien Henry. Cette reconnaissance lui confère alors d’importants privilèges et marque une étape clé dans l’histoire de la papeterie locale.

Le moulin du Verger

Au sud d’Angoulême, dans la vallée paisible des Eaux-Claires à Puymoyen, se trouve le Moulin du Verger, l’un des plus anciens moulins à papier de l’Angoumois, fondé en 1539.

Ici, le papier artisanal était fabriqué à partir de chiffons broyés, grâce à une batterie de maillets encore visibles aujourd’hui. Au fil des siècles, le site s’est enrichi de roues à aubes, de cuves et d’une pile hollandaise, témoins de l’évolution technique de la papeterie.

Classé Monument historique depuis 1991, le Moulin du Verger perpétue toujours la tradition : il produit à la main des papiers d’exception, très prisés pour les éditions de luxe.